Les "bonnes" pratiques agricoles rémunérées
Rémunérer des agriculteurs pendant 5 ans pour leur contribution à la transition écologique, voici ce qu’expérimente le Parc naturel régional Scarpe-Escaut depuis 2021, grâce à des financements obtenus auprès de l’Agence de l’eau Artois-Picardie. Sur cinq ans, 41 agriculteurs du territoire bénéficieront d’1,5 M d’euros pour 3400 hectares engagés.
Depuis novembre 2021, 14 agriculteurs reçoivent des « paiements pour services environnementaux », une rémunération complémentaire à leur activité calculée selon leur contribution à rendre leur système d’exploitation plus performant d’un point de vue environnemental. Ils seront rejoints par 11 nouveaux exploitants agricoles qui signeront leur convention ce 14 décembre 2022. Pour ces 25 agriculteurs, la performance environnementale est évaluée sur des critères de densité de haies, de lisières de bois et de voies d’eau car ces infrastructures agroécologiques hébergent une biodiversité importante, luttent contre l’érosion et les inondations et sur la quantité moyenne d’azote minérale apportée sur la surface agricole utile (la diminution d’engrais de synthèse permet de protéger la qualité de la ressource en eau). Sont également pris en compte l’hétérogénéité culturale (présence de prairies et diversité des cultures permettant de protéger la qualité de l’eau et des paysages), la fauche après le 15 mai, le pourcentage de prairies pâturées (pour bien-être animal et la qualité des paysages) et enfin l’utilisation raisonnée de produits phytosanitaires.
Le dispositif étendu en 2023
Limité aux agriculteurs ayant des parcelles sur Saint-Amand-les-Eaux, Nivelle et Bruille-Saint-Amand, ce dispositif est, en 2023, développé sur un périmètre plus large sur deux-tiers des communes du Parc mais ne concerne cette fois que les éleveurs, avec d’autres critères d’éligibilité : au moins 30% de la surface agricole utile (SAU) en zone Ramsar et un minimum de 10 unités gros bétail (UGB). Dans ce cadre, 27 autres exploitations s’engagent à mettre en place des mesures visant à préserver l’écosystème des prairies. Elles seront évaluées sur la quantité moyenne d’azote minérale apportée et la part de maïs dans la surface fourragère principale (l’objectif étant de diminuer cette part au profit des prairies qui en plus d’être des espaces de grande biodiversité, stockent le carbone). Au terme des 5 années, les exploitations devront également avoir obtenu le « label Haie ».
Pour développer cette expérimentation avec les éleveurs et l’élargir à un territoire plus vaste, le Parc naturel régional a sollicité ses intercommunalités afin de mutualiser leurs moyens. Valenciennes Métropole, La Porte du Hainaut et Coeur d’Ostrevent se sont donc engagées et les rôles de chacun sont définis par convention : le dispositif est animé par un agro-écologue du Parc naturel régional dont le poste est financé par les trois intercommunalités, l’Agence de l’Eau et le Parc naturel régional. Les éleveurs, eux, seront rémunérés directement par les intercommunalités.