Les pieds dans l’eau ?
La majorité du territoire du Parc présente des altitudes faibles, de quinze à vingt-cinq mètres au-dessus du niveau de la mer. L’eau est présente dans le sol, souvent entre un et trois mètres sous nos pieds et son niveau varie au cours des saisons et des années. Suivre ces variations permet de mieux comprendre et, parfois, d’anticiper les situations exceptionnelles de sécheresses ou d’inondations. Si la présence de l'eau est marquée, faisant de notre territoire la plus grande zone humide intérieure de la région, les évolutions en cours ne sont pas rassurantes et nos bottes nous sont moins utiles qu’auparavant.
Des variations saisonnières plus ou moins régulières | |
Le Parc naturel régional réalise depuis 1999 un suivi quantitatif des nappes superficielles. Il s'agit des aquifères les plus proches du sol, situés principalement dans les sables et alluvions. A travers l’exemple du piézomètre implanté au niveau de la maison du Parc, au cœur de la forêt domaniale de Raismes-Saint-Amand-Wallers, nous allons voir le type d’informations que cela peut apporter.
Si l’on regarde la chronique complète depuis 1999, on remarque que le niveau d’eau augmente progressivement chaque hiver, à la faveur des pluies, et qu’il régresse au cours du printemps-été, du fait de phénomènes d’évaporation ou encore de consommation d’eau par la végétation. C’est un phénomène de variations saisonnières tout à fait logique et classique.
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Relevé d'un piézomètre |
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Des années humides… | |
Si l’on y regarde de plus près, on peut se rendre compte que le cycle saisonnier est différent chaque année. Au delà de l'influence des températures, ce cycle est fortement influencé par les pluies hivernales qui s’infiltrent dans le sol et rechargent les nappes. On parle de pluies efficaces, au contraire des pluies estivales qui s'infiltrent très peu, consommées par la végétation, évaporées trop rapidement, ou rejoignant plus rapidement le réseau de fossés et cours d'eau. | |
Inondations en 2002 - Lecelles | En 2002, par exemple, on peut noter un niveau d’eau élevé en hiver, atteignant quasiment le niveau du sol au mois de février et restant à moins d’un mètre sous nos pieds plus de la moitié de l’année. Le niveau le plus bas, l’« étiage de nappe » correspondant à peu près au niveau d’eau moyen entre 1999 et 2022 et étant supérieur d’1,5 m au niveau le plus bas connu sur cette période. Les pluies de l’hiver et des années précédentes sont à l’origine de cette année exceptionnelle, marquée par des « remontées de nappe » et des inondations dans la plaine de la Scarpe. |
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… et des années sèches. | |
En 2020, au contraire, l’eau est restée entre 1 m et près de 4 m en dessous du niveau du sol tout au long de l’année, descendant au niveau le plus bas connu depuis 1999. Les niveaux baissent en continu de mars à décembre et la recharge ne débute que début 2021, 2 à 3 mois plus tard que d'habitude. Cela fait suite à une succession d'années de sécheresse depuis 2017 et à une très faible pluviosité hivernale. Les zones humides du territoire connaissent depuis cette période des manques d’eau sévères : de nombreuses mares se retrouvent asséchées très tôt dans l’année. Certains cours d’eau se sont également asséchés ou ont présentés des niveaux très bas. Nos tourbières souffrent du manque d'eau.
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Cours d'eau en période de sècheresse |
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Tout ceci montre bien l’influence directe du niveau d’eau dans le sol sur les milieux naturels, zones humides et cours d’eau, mais également sur les activités humaines : inondations, déficits ou surplus d’eau pour les cultures… Cela démontre également l’intérêt d’acquérir, conserver et valoriser les données accumulées au cours du temps, afin de connaitre l’impact potentiel d’un projet de pompage sur le territoire, de définir de manière précise comment aménager ou gérer un milieu naturel ou encore de connaitre les risques d’implantation d’une activité humaine à tel ou tel endroit. Ce type de données peut également aider à faire la part des choses entre un cycle naturel et un effet des changements climatiques. | |
Qui a dit changement climatique ? | |
Ces suivis nous donnent notamment des indications sur les tendances actuelles. Nous constatons que les dernières années "humides" n'ont pas permis d'atteindre les niveaux les plus haut connus. Au contraire, les années "séches" se succèdent et n'en finissent pas de battre des reccords de niveaux bas. Cela est cohérent avec les modélisations des évolutions du climat dans les décennies à venir. Ainsi, si nous voulons préserver nos milieux humides et aquatiques et à travers eux les services qu'ils nous rendent, il est urgent d'adapter nos usages pour ne pas aggraver la situation et au contraire atténuer les effets de ces changements climatiques. |